2017 apporte son lot de chantiers
01/01/2017
Si 2016 a été l’année de toutes les peurs, 2017 sera celle de tous les défis ! De nombreux chantiers se posent, en effet, aujourd’hui devant l’équipe de Youssef Chahed mais aussi devant tous les acteurs politiques et actifs en Tunisie.
« 2016 était une année difficile, en 2017 la Tunisie entamera son décollage », voici la phrase avec laquelle le président de la République a entamé hier soir, son allocution de vœux pour le nouvel an.
« L’Etat n’a pas pu réaliser tous ses objectifs, certes, le chômage, la pauvreté et la marginalisation n’ont pas été éradiqués, mais nous avons toutefois accompli des réussites importantes et notamment pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme et la victoire que nous avons pu réaliser à Ben Guerdène. Le gouvernement d’union nationale, l’accord de Carthage et la conférence sur l’Investissement sont autant d’évènements qui prouvent que la Tunisie remonte la pente et a de quoi être optimiste pour l’avenir » a déclaré Béji Caïd Essebsi, dans la soirée du 31 décembre.
La relance économique du pays, voici le plus gros chantier de 2017. La Conférence sur l’Investissement s’est soldée par de nombreuses promesses et des projets qui devront voir le jour en ce début d’année. « 2017 aussi sera une année difficile disent les experts, oui mais il ne faut pas oublier que les accords que nous avons signés lors de la conférence sur l’Investissement et qui s’élèvent à 15 milliards de dinars, sont des projets qui vont être entamés durant les premiers mois de 2017 et qui vont générer des emplois et une certaine reprise économique » a expliqué le président de la République.
Tunisia 2020, des projets à concrétiser
Les engagements pris en faveur de la Tunisie se sont déployés sous diverses formes : en investissements directs, en reconversion de la dette tunisienne, en prêts avec des échéances de paiements préférentiels, ou en dons directs.
Nombreux pays ont répondu présents à l’appel de la Tunisie comme la France, le Canada le Qatar, le Koweït, la Suisse, la Turquie, l’Arabie saoudite et l’Allemagne. Des institutions internationales se sont aussi engagées en faveur de la Tunisie dont le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES), la Banque Européenne d’investissement (BEI), la Banque Mondiale (BM), la Société financière internationale (SFI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Il est aussi utile de rappeler que la Tunisie atteindra en 2017 un pic dans le remboursement de ses dettes, et joue gros pour confirmer sa solvabilité aux yeux des bailleurs de fonds. Bailleurs de fonds ayant émis des conditions au sujet de la loi de Finances de 2017, longuement contestée par l’opinion publique nationale.
La situation sécuritaire, une accalmie fragile
Sur le plan sécuritaire, 2016 a été marquée par une certaine accalmie. Aucune attaque terroriste majeure n’a été déplorée et les campagnes sécuritaires se sont multipliées à un rythme soutenu.
Si de nombreuses cellules terroristes ont pu être démantelées avant que des attentats soient commis, d’importants défis attendent l’institution sécuritaire notamment, après la démission de d’Abderraham Haj Ali de son poste de directeur général de la Sûreté nationale. La DGSN devra se doter d’une nouvelle personnalité apte à continuer sur la lancée des succès sécuritaires réalisés en 2016 et assurer la sécurité aux frontières et au niveau des villes sensibles du pays.
Par ailleurs, la question du retour des jihadistes des zones de tension a aussi été au cœur des débats des dernières semaines de 2016, un retour appréhendé et craint. Un retour sur lequel le président de la République s’est également exprimé hier, réaffirmant l’engagement de l’Etat à prendre les mesures qui s’imposent face à cette menace que certains ont tendance à « exagérer » selon ses dires.
Une stabilité politique salutaire
La Tunisie de 2017 devra aussi dépasser les tiraillements politiques et les luttes intestines qui minent le parti au pouvoir. Pour l’instant, alors que la guerre fait encore rage au sein de Nidaa Tounes, on annonce la naissance d’un nouveau Front républicain et démocrate qui devrait réunir toute l’opposition autour d’un même projet. Ce Front réunit à ce jour six partis, à savoir: l’Union Patriotique Libre, les dissidents de Nidaa Tounes, Machrouû Tounes, le Parti Socialiste, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique et le Parti Ethawabet. Des noms de personnalités politiques nationales indépendantes circulent également mais sans liste ni plan d’action précis.
Un Front qui se forme pour appuyer une opposition fragilisée par le consensus, mais qui comporte en son sein des partis eux-mêmes signataires de l’accord de Carthage, amène inexorablement à se poser la question sur les implications de cette situation sur le Gouvernement d’Union Nationale et de la relation de ce Front avec la majorité gouvernementale.
Irons-nous ainsi vers une remise en question de l’Accord de Carthage ? Qu’en sera-t-il de l’alliance Nidaa-Ennahdha, sera-t-elle fragilisée par ce Front ? Est-ce dans l’intérêt du gouvernement de voir la balance pencher dans un cas comme dans l’autre ?
Education, le mandat de Néji Jalloul survivra-t-il à 2017 ?
La fin de 2016 a été marquée par une forte hostilité contre le ministre de l’Education nationale, Néji Jalloul. Ses réformes ne passent pas et son travail est fortement contesté par des enseignants qui se sont rassemblés en masse devant le siège du ministère le 30 novembre, appelant à sa démission.
Le syndicat reproche au ministre l’ensemble des problèmes relatifs aux négociations et aux droits pécuniaires des enseignants et la situation actuelle de l’éducation avec le nouveau calendrier. Il estime que le ministre est responsable du chaos dans les établissements scolaires, à cause de sa gestion du dossier des réformes et de ses décisions jugées « populistes ».
Des accusations et des revendications face auxquelles le ministre semble faire preuve d’une résistance relative. Les contestations auront toutefois entaché cette fin d’année de grèves régionales dans tous les établissements scolaires du pays.
2017, le décollage ou le crash, ce sera au gouvernement d’en décider
Cette année sera celle de tous les défis. Le chômage, la marginalisation des régions de l’intérieur du pays, la relance de l’économie, la paix sociale, l’éducation, la mise en place de la cour constitutionnelle, la corruption, le commerce informel, le retour des djihadistes et nombreuses autres questions figurent dans la « to do list » du gouvernement.
En plus de trouver des solutions urgentes à toutes ces problématiques, l’équipe gouvernementale devra travailler plus en harmonie et repenser sa communication afin d’assurer une meilleure interaction avec l’opinion publique. Elle devra aussi faire preuve d’une fermeté entravée par un consensus qui semble être de plus en plus lourd à assumer.
Nombreuses questions restent à ce jour en suspens et exhibent au grand jour l’ampleur des dissensions qui caractérisent la classe politique, et le pays en général. Le retour des jihadistes, la tenue du CSM, le processus de justice transitionnelle, la loi de Finances et toutes les entraves auxquelles elle a dû faire face avant d’être votée et amendée, sont autant de sujets qui peuvent amener le citoyen à accueillir avec une certaine appréhension, cette nouvelle année et ses promesses.
Il va sans dire que la préparation du processus électoral et la réussite des prochaines élections municipales mais aussi législatives sont aussi au cœur des préoccupations du gouvernement d’union nationale, qui devra, dans ce chantier gargantuesque, amorcer le décollage tant attendu !
En 2017, il faudra que l’Etat mette chacun face à ses responsabilités et engage une politique qui rompe avec l’état d’esprit du gouvernement « provisoire » qui prévaut encore. C’est aussi ce message que Béji Caïd Essebsi a tenu à exprimer hier, appelant tous les Tunisiens à s’unir autour du gouvernement de Youssef Chahed.
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