Béji Caïd Essebsi : L’armée assurera la protection des sites de production !
10/05/2017
Le président de la République, Béji Caïd Essebsi s’est adressé au peuple tunisien, aujourd’hui, mardi 10 mai 2017, en direct du palais des Congrès de Tunis.
C’est devant une grande présence médiatique, de personnalités nationales et gouvernementales, que le chef de l’Etat a annoncé, clairement et fermement que l’armée assurera la protection des sites de production, notamment, le pétrole et le phosphate, ajoutant que le blocage des routes ne sera plus permis.
« La Tunisie a vécu une révolution menée par une jeunesse non encadrée et sans aucune orientation idéologique. Cette révolution a permis la réalisation de plusieurs acquis, notamment, en termes de libertés, ainsi que la tenue d’élections libres et transparentes. Cette démarche démocratique a conféré à la Tunisie un rayonnement international », a-t-il affirmé en entamant son discours.
Cependant, il a estimé que la démarche démocratique en Tunisie est sérieusement menacée dans la mesure où certaines parties sèment le désordre et menacent de désobéissance civile dès lors qu’ils contestent des projets de loi présentés devant l’Assemblée des représentants du peuple. « Lorsque des lois sont devant l’assemblée, et que des gens descendent dans les rues pour contester et appeler à la désobéissance civile : c’est une menace à la démarche démocratique ! Je n’accepte pas qu’on n’ait plus confiance dans le pouvoir législatif », a-t-il fermement souligné.
Par ailleurs, il a affirmé la régression de certains partis, auparavant influents, face à d’autres qui n’ont même pas existé sur la scène nationale. Il a souligné qu’il s’agit des règles de la démocratie tout en rappelant l’approche des élections municipales et le maintien des dates fixées au préalable.
Dans ce contexte, il est revenu sur la décision de démission annoncée, hier par le président de l’ISIE « il m’a appelé vers 14h pour m’informer de sa démission. Je lui ai dit que j’ai, déjà, appris cette nouvelle. Tu aurais pu m’en parler avant, j’aurais pu te donner mon avis, ou encore te dire que le timing est mal choisi », a-t-il indiqué en présence de Chafik Sarsar qui semblait mal à l’aise par cette remarque.
D’autre part, il a exprimé son refus pour tous les appels à des élections anticipées, niant par la même occasion son intention de renoncer à l’Accord de Carthage, assurant qu’il reste en faveur de l’Union nationale : « Vous devez aider les personnes qui ont été élues, au lieu de creuser dans le passé. L’avenir est plus important, et la Tunisie fait face à plusieurs défis. Nous ne pouvons les remporter qu’en étant unis et solidaires ».
Le président de la République s’est également penché sur les multiples manifestations, considérant qu’elles ne sont pas, toutes légales : « Ceux qui veulent protester doivent le faire dans le cadre de la loi, et non en bloquant la production et les routes. Pour toutes ces considérations, l’armée protègera les sites de production. Cependant, je tiens à mettre en garde, que l’armée sera ferme dans sa mission. Les sit-inneurs d’El Kamour peuvent y rester tant qu’ils veulent, et l’Etat les protégera s’il le faut, mais leurs revendications sont impossibles à réaliser. Même si les sit-inneurs d’El Kamour sont dans leur droit, on ne peut applaudir leur action. Il est inadmissible de bloquer les routes et la production », a-t-il affirmé en substance, tout en faisant un clin d’œil au parti Ennahdha et les communiqués publiés par Ali Laârayedh et Abdelkarim Harouni qui soutenaient ses manifestations de Tataouine et le sit-in d’El Kamour.
Dans un deuxième temps, M. Caïd Essebsi s’est attaqué au volet de la réconciliation économique et financière, assurant que l’investissement est primordial pour assurer le développement, sauf que certains investisseurs se retrouvent bloqué au niveau de l’administration tunisienne : « les cadres administratifs ont peur d’être jugés en appliquant les consignes, ainsi, plusieurs projets sont bloqués, voire même, annulés. Dans ce contexte, je cite le cas d’un investisseur qui prévoyait un projet d’une valeur de un milliard et 600 millions de dinars. Ce projet qui pouvait créer 50 mille postes d’emploi a été annulé à cause du blocage au niveau de l’administration. Il a été réalisé dans un autre pays concurrent » !
« Seriez-vous les seuls patriotes ? Nous avons tous milité pour la Tunisie ! », a-t-il martelé en s’adressant aux personnes qui refusent le projet de la réconciliation.
Le président de la République a poursuivi son discours, qui faut-il le noter, prononcé de mémoire et sans aucun support papier, en affirmant que tous les indices de croissance sont en train de s’améliorer progressivement, allant de la production du phosphate au tourisme : « L’Etat est en train d’accomplir son devoir comme il se doit. D’ailleurs, le FMI va nous soutenir parce qu’il veut nous encourager dans notre démarche. Ainsi, j’appelle toutes les organisations nationales à contribuer à la mise en place des réformes nécessaires dans ce sens ».
M. Béji Caïd Essebsi a, également, annoncé la restructuration du ministère de l’Intérieur, appelant au respect des forces de l’ordre et à ne pas éparpiller leurs efforts, à travers les grabuges et les violences inutiles à l’instar de ce qui se passe dans les stades et les manifestations injustifiées. Et de rappeler que l’Etat poursuit encore sa lutte contre le terrorisme.
Au final, il a affirme qu’il pardonne tous ceux qui lui ont porté atteinte vu son attachement aux valeurs de l’islam qui reste une religion prônant les principes de la tolérance.
« Cependant, la Tunisie a besoin de tous ses hommes et de ses femmes. Et heureusement qu’elle possède des femmes !» a-t-il conclu
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