Béji Caïd Essebsi : Le prochain chef du gouvernement ne sera pas conflictuel
28/07/2016
Le président de la République a prévu dans son agenda des 27,28 et 29 juillet, des rencontres informelles avec des journalistes et responsables de presse, parmi les leaders d’opinion de la place, afin de leur faire part de la situation politique actuelle et de recueillir leurs observations quant à l’actualité nationale, notamment en ce qui concerne le vote de confiance et le projet de loi de la réconciliation nationale. Une pratique courante dans tous les pays démocratiques dont l’objectif est de donner une information exacte, sans langue de bois, et de corriger certaines informations véhiculées, sans filet, par les journalistes se basant sur des sources supposées être crédibles.
Bien que ces entrevues étaient bien informelles, et clairement signalées comme étant du « off », plusieurs fuites de ces rencontres ont été constatées dans les médias de la place… Et là où le président parlait à bâtons rompus, s’est retrouvé plus tard cité entre les guillemets…
Entre le « off » qui doit être respecté et l’information sacrée à laquelle a droit le lecteur, ce que l’on peut dire de cette rencontre est que le président de la République s’est montré à la fois alarmiste et confiant quant à l’avenir.
Alarmiste parce que tous les indicateurs sont au rouge et optimiste parce qu’il y croyait avant même de se présenter aux élections et il continue encore à y croire. Il rassure quant à son respect total de la Constitution après qu’on l’ait accusé de chercher à s’ingérer dans le travail gouvernemental. Il s’inscrit en faux en ce qui concerne le départ de Habib Essid et notamment en ce qui concerne les propos désobligeants qui ont été formulés au chef du gouvernement par un proche de la présidence.
Le profil du futur chef du gouvernement ? Il n’y absolument rien à conclure de tout ce qu’a dit Béji Caïd Essebsi, si ce n’est qu’il ne sera pas conflictuel (ce qui ne veut pas dire qu’il sera consensuel) et qu’il aura la liberté totale de composer tout seul son gouvernement.
Il s’inscrit également en faux concernant les accusations infâmantes, et surtout sans preuves, touchant des membres de sa famille, notamment en ce qui concerne le business. Béji Caïd Essebsi rappelle qu’il n’est pas un homme d’argent et que son historique témoigne de cela. Il a même jugé utile de rappeler que c’était également la nature de Bourguiba et de plusieurs personnalités de sa génération qui ont quitté leurs professions libérales pour servir l’Etat…
Que conclure de l’état d’esprit de Béji Caïd Essebsi à la date du 28 juillet 2016 ? Que le président de la République, comme tout président, est seul. Son appel à rencontrer ses plus virulents critiques aux côtés de ceux qui le soutiennent directement ou mezza voce, est une façon de dire, je décide peut-être seul, mais je sais aussi écouter vos propositions qui ne peuvent que m’aider à mieux choisir. Je me dois aussi de vous corriger les informations que beaucoup de parties intéressées vous donnent pour vous intoxiquer à dessein…
Le pays est dans le marasme, les indicateurs sont au rouge et la responsabilité du président est indéniable pour le sauver. Mais sauver le pays est également la responsabilité du gouvernement et des médias fortement influents sur l’opinion publique, mais également les observateurs et investisseurs. Béji Caïd cherche quelque part des critiques constructives et des idées, mais aussi un soutien… « Vous êtes dans votre rôle, nous sommes dans le nôtre », lui a poliment et fermement répondu Zyed Krichen…
Béji Caïd Essebsi devra finalement composer seul avec sa conscience… Ils sont déjà deux, il ne sera pas seul….
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