En réformant le transport, la Tunisie ambitionne de devenir un centre logistique au cœur de la Méditerranée

19/04/2017 

Jouissant d’une position géographique stratégique au cœur de la Méditerranée occidentale, la Tunisie envisage de devenir un centre logistique et commercial dans le cadre d’une réforme générale de l’infrastructure et du système du transport, selon les déclarations du ministre des Transports tunisien Anis Ghedira.
« En Tunisie, le secteur des transports et de la logistique est au cœur de la croissance économique et du commerce … Le secteur contribue effectivement à stimuler les exportations, à attirer les investissements étrangers directs et à améliorer la compétitivité des entreprises », a souligné le ministre dans une interview accordée à The Arab Weekly.

Etant située entre l’Algérie et la Libye sur la Méditerranée occidentale, la Tunisie vise à jouer un rôle économique plus important dans la région tout en la renforçant. Cet objectif pourrait se réaliser en se positionnant comme un centre de transport aérien et une plate-forme de trading moderne entre l’Europe et l’Afrique.

Dans ce contexte, Ghedira a indiqué : « Dans le nouvel environnement économique, la Tunisie poursuit la construction d’un nouveau modèle de croissance qui vise à élargir son économie du marché. Une meilleure intégration dans les économies régionales et mondiales et une plus grande valeur ajoutée de son économie sont nécessaires…Les transports et la logistique jouent un rôle central dans le développement économique du pays et son intégration dans l’environnement économique régional ».

Selon le ministre, le gouvernement tunisien donne la «plus grande importance» à la logistique en améliorant d’un côté les infrastructures et les compétences individuelles, et en développant de l’autre les compétences sur le terrain. « Il (le plan de développement) a pour objectif d’améliorer l’attractivité de la logistique du pays pour faire de la Tunisie un centre méditerranéen », a ajouté Ghedira.

Dans une perspective de croissance économique et sociale, le gouvernement tunisien envisage d’étendre les liens commerciaux avec d’autres pays du Maghreb et ses partenaires en Europe et en Afrique. Il s’agit d’un pas important dans le développement général et c’est pour cela que les projets visant à développer le transport et la logistique sont parmi les priorités du gouvernement Youssef Chahed.

Durant les deux décennies qui ont précédé 2010, la Tunisie a enregistré certains des taux de croissance les plus élevés en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, après quoi l’économie a stagné, souffrant des répercussions de la révolution de 2011. Entre 2011 et 2015, les principales entreprises de transport de la Tunisie ont subi des pertes très élevés et ont été contraintes de diminuer leurs investissements.

Par conséquent, le classement de l’indice de performance logistique internationale (LPI) de la Tunisie a entamé une chute libre du 61ème rang en 2010 au 110ème en 2014. Le LPI biannuel, qui a quitté la Tunisie à la 110ème position en 2016, donne une perspective comparative entre 160 pays. Comme la Banque mondiale, cet indice permet de reconnaitre les défis futurs et de cerner le potentiel et les opportunités dans le monde compétitif d’aujourd’hui.

« Nous nous attendons à ce que le classement tunisien de la LPI s’améliore de 110 à 60 en 2020 et que les coûts de la logistique diminuent de 20% à 15% dans le PIB », a déclaré Anis Ghedira. Il a ajouté qu’il s’attendait également à ce que l’externalisation des transports et de la logistique augmente de 20% par rapport aux 5% actuels. Selon lui, ces chiffres dévoilent la nouvelle approche de l’Etats vis-à-vis ses entreprises de transport.

« Plusieurs entreprises publiques de transport font face à des difficultés structurelles », a-t-il affirmé en citant, à titre d’exemple, le transporteur aérien national Tunisair et diverses compagnies nationales et régionales de transport terrestre et ferroviaire.
Il poursuit : « Ces entreprises ont besoin de financement, l’ampleur des dépenses d’exploitation en particulier des coûts du personnel … représente 50% du coût total en 2015 contre 32% en 2010. Ces hausses considérables découlent des demandes sociales après la révolution ».

Pour faire face, les entreprises de transport d’État ont élaboré des plans détaillés de restructuration pour améliorer leur situation financière et leurs performances. La restructuration compte sur la réduction des coûts et sur une réglementation favorable aux entreprises.

Par ailleurs, Ghediral n’a donné aucun chiffre sur le montant du financement nécessaire pour restructurer les entreprises, cependant, d’autres responsables du ministère ont cité des exemples plus concrets de la lutte du gouvernement pour résoudre ses problèmes sociaux et économiques.

Parmi ces exemples, nous trouvons le nombre des autobus jaunes – qui est la couleur du transport urbain de Tunis. Ce dernier a reculé de 960 en 2010 à 300 à l’heure actuelle. La plupart des bus ont au moins dix ans de service et les entreprises de transport urbain ont de plus en plus de difficultés à acheter des pièces de rechange en raison de la détérioration de la situation financière à un moment où les bus les plus anciens ont besoin de réparations fréquentes ou même d’être changés.

« Le trafic routier élevé dans les principales villes est attribuable à l’utilisation croissante des voitures et à l’incapacité du système de transport tel qu’il est actuellement à répondre aux besoins croissants des usagers des transports », a déclaré Ghedira.

Selon Ghedira, la réforme générale des transports a commencé. L’expansion du transport rapide et la modernisation de l’infrastructure des transports, y compris le réseau ferroviaire, font partie d’un «plan de développement du transport pour 2016-20», qui améliorerait la qualité du service et le trafic sur le plan national.

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