Habib Essid : Nous n’annoncerons pas de décisions hâtives pour calmer les tensions
23/01/2016
Dans une interview exclusive, diffusée dans la soirée du samedi 23 janvier 2016, sur les chaines Nessma Tv et El Watania 1, le chef du gouvernement, Habib Essid, est revenu sur les récents évènements qui ont marqué l’actualité du pays.
Interrogé sur le fait qu’il ait accordé une première intervention à la chaine d’informations France 24, le chef du gouvernement a précisé que cette entrevue a été planifiée bien avant les faits et que l’important n’est pas où intervenir mais de faire parvenir l’information.
Il a, par ailleurs, déclaré que des mesures effectives ont été planifiées concernant le développement des régions marginalisées et que certaines de ces mesures sont à effet immédiat alors que d’autres font partie d’une stratégie qui s’étend sur un plus long terme.
Habib Essid a souligné que son gouvernement est le premier à s’être rendu dans les dix gouvernorats les plus défavorisés et qu’il a pu ainsi prendre connaissance et constater la réalité de la situation. Il a indiqué que la situation précaire qui caractérise certaines régions est le résultat d’un cumul de grands problèmes tout au long des années passées et que le gouvernement a établi un programme clair et bien défini pour le développement de ces régions et notamment par la relance de nombreux projets qui étaient, jusque là, à l’arrêt.
« Faire décoller l’économie d’une région n’est pas chose facile, surtout dans un contexte où notre pays a été frappé par le terrorisme. Nous ne pouvons pas donner des emplois à tout le monde en même temps » a déclaré Habib Essid, soulignant que si la corruption reste un phénomène bien réel, un ministère a été dédié à son éradication tant cette question revêt une importance cruciale pour le gouvernement, « cela prendra du temps » a-t-il précisé.
Le chef du gouvernement a affirmé qu’il ne s’agit pas de prendre des décisions hâtives et irréalisables et d’aller les annoncer pour calmer les tensions. Il a précisé que le plan quinquennal du gouvernement donne une priorité particulière au développement des régions défavorisées dont Kasserine, pour qui une stratégie a été approuvée et mise en place, et que, s’il est encore tôt pour que cela donne les résultats escomptés, dire que le gouvernement n’a rien fait est totalement faux.
« Nous prenons des décisions réfléchies et réalistes. Nous traversons une conjoncture difficile, ce qui s’est passé au Bardo et à Sousse est grave, et sans sécurité nous ne pouvons compter sur l’investissement. Nous avons consacré des ressources considérables à la lutte contre le terrorisme et les ressources dédiées aux régions ont été totalement débloquées en ce mois de janvier » a indiqué le chef du gouvernement.
Quant aux manifestations qui se sont très vite transformées en affrontements violents, vols et pillages, Habib Essid a précisé que si le droit de manifester est un acquis essentiel de la démocratie, ces agissements sont intolérables, saluant le travail des forces de l’armée et de la sécurité qui ont su contenir la situation et ont joué un rôle important pour empêcher toute escalade.
« Il y a des gens qui provoquent l’étincelle ou profitent de la moindre manifestation pour semer le chaos. Les partis extrémistes, qui ne sont pas autorisés, qui n’aiment pas le mode de vie qu’a choisi la Tunisie et des partis autorisés qui appellent a des élections anticipées » a déclaré le chef du gouvernement en réaction aux récentes allégations de l’ancien président de la République Moncef Marzouki. « Les élections c’est une ligne rouge. Il y aura des élections municipales en octobre, tous les partis peuvent y participer. Sinon nous sommes en démocratie et quiconque peut dire ce qu’il veut » a-t-il ajouté.
Concernant les relations du gouvernement avec la centrale syndicale, Habib Essid a affirmé que si des différends existent bel et bien, et notamment concernant le remaniement ministériel, ces relations sont excellentes et les opinions sur ses décisions sont toutes bonnes à écouter. Il a indiqué, dans ce sens, que le gouvernement est toujours ouvert au dialogue et que la perspective d’un congrès national n’est pas à écarter. « Nous sommes toujours ouverts au dialogue, et avec tous les partis, c’est ce qui fait le génie tunisien, nous savons nous serrer les coudes et placer l’intérêt national au dessus de toute autre considération » a-t-il ajouté.
Revenant sur le conflit au sein du parti au pouvoir, Nidaa Tounes, il a affirmé que cela n’a aucun impact sur le travail du gouvernement et que les ministres se dévouent à leur mission mettant toute considération partisane de côté.
Pour finir, Habib Essid a tenu à souligner que les visites successives, qu’effectue le président de la République, ou lui-même à l’étranger ont pour objectif la relance de l’économie et surtout du tourisme. Il a précisé que sa récente visite en France a eu comme résultat le recyclage de la dette tunisienne par la construction d’un centre hospitalo-universitaire à Gafsa ainsi qu’une aide s’élevant à 200 millions d’euros par an sur cinq années. Il a ajouté qu’au cours de sa visite à Davos il a pu rencontrer plusieurs chefs d’Etat et nouer des relations qui seront fructueuses pour l’économie de la Tunisie. « Nous devons profiter de la vague d’intérêt suscitée par le prix Nobel, il faut bouger maintenant car elle ne durera pas » a indiqué le chef du gouvernement.
« La situation actuelle du pays est difficile sur le plan sécuritaire et économique mais il y a de l’espoir et il faut rester optimiste. Des mesures sont engagées et d’autres le seront dans un proche avenir. Le problème de l’emploi est prioritaire et c’est un objectif essentiel qu’il ne faut pas régler par les recrutements dans l’administration. Il faut alléger l’administration, qui emploie trois fois le nombre de personnes dont elle a besoin, il faut penser à l’investissement et lancer des projets et le gouvernement va tout faire pour encourager cela » a conclu Habib Essid.
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