La nouvelle banque universelle islamique Wifak Bank table sur 15 MD de bénéfice en 2021
14/06/2017
Wifak International Bank a tenu ce mercredi 14 juin 2017, sa première assemblée générale ordinaire pour statuer sur son exercice 2016, sous l’égide du fondateur et PDG de la banque, Mohamed Mellousse. Une réunion qui s’est tenue en présence de la directrice générale de la Caisse des dépôts et de consignation (CDC), Boutheina Ben Yaghlane et de représentants de la Société islamique pour le développement du secteur privé (ICD), ses deux partenaires stratégiques.
Née en 2015 suite à la transformation de la société El Wifack Leasing en une banque universelle spécialisée dans les opérations bancaires islamiques, Wifak International Bank s’est contentée, pour cette année de transformation, d’assurer 50% de son activité normale pour justement faire réussir cette transition et le passage du leasing à l’”Ijara” pour se conformer à la Chariaa. Une opération d’Ijara consiste pour le créancier (la banque) à acheter des biens qu’il loue à un client pouvant bénéficier de la possibilité de rachat au terme du contrat.
La Wifak Bank a clôturé l’année 2016 avec un résultat net en légère baisse de 0,1%, passant de 5,14 millions de dinars (MD) fin 2015 à 5,13 MD fin 2016, avec une contribution conjoncturelle exceptionnelle de 0,50 MD et 0,78 MD d’impôt. Son Produit net bancaire (PNB) s’est situé à 16,64 MD en 2016 contre 12,43 MD en 2015, en hausse de 33,8%, due à la diminution des charges d’exploitation bancaire principalement les charges encourues (-5,32 MD).
Les revenus nets de l’Ijara se sont établis à 23,74 MD, marquant un léger fléchissement de 3,8% malgré la baisse du niveau d’activité en 2016. Le portefeuille titres d’investissement a atteint 12 MD contre 7,8 MD une année auparavant, en hausse de 53,8%. Les actifs liquides ont totalisé fin 2016 un montant de 36,1 MD contre 89,67 MD fin 2015, sous forme de dépôts bancaires à vue auprès des établissements bancaires.
Le taux de créances classées a atteint 11,02% en hausse par rapport à 2015 où il n’était que de 5,65%. Le taux de couverture créances classées a, donc, baissé évoluant de 72,18% à 57,78%.
Le groupe Wifak Bank, composé notamment de la société mère de Erryada Sicar, a terminé 2016 avec un résultat consolidé de 5,32 MD, en progression de 0,66%. Le PNB consolidé réalisé s’est accru de 33,65% passant de 12,56 MD à 16,78 MD.
Le titre boursier est passé de 19,630 dinars, son plus haut niveau en 2015, à 7,600 dinars, son plus haut niveau en 2016 et a atteint 5,280 dinars au bas niveau de cette même année. Dans ce cadre, M. Mellousse a espéré qu’avec l’entrée en activité de la banque, le titre reprendra son cours normal.
Wifak Bank opère conformément aux dispositions de la Finance islamique. Elle est régie par loi N° 2016- 48 du 11 juillet 2016 relative aux établissements de crédit. Sa transformation en banque universelle islamique est une première en son genre dans le système financier Tunisien. L’établissement bancaire a réussi ce passage grâce au renforcement de sa structure d’actionnariat par l’apport de deux nouveaux partenaires stratégiques de référence à savoir la Société islamique pour le développement du secteur privé (ICD) et la Caisse des dépôts et des consignations (CDC). Son capital est passé, donc, de 20 millions de dinars (MD) à 150 MD, Wifak Bank devenant de ce fait la première banque islamique en Tunisie, en termes de capitalisation.
Wifak Bank a officiellement annoncé le lancement de son activité commerciale le 28 avril 2017, avec l’ouverture de 9 agences en simultané à travers le pays (Djerba, Gafsa, Sfax Sakiet Eddaier, Sfax Gremda, Sfax Majida Boulila, Nabeul, Ariana, Ben Arous et Ezzahra). Sa notation financière a été relevée par l’agence de notation Fitch Rating, au premier trimestre 2016, de «BBB-» à «AA+» avec perspectives stables.
«Je suis très optimiste pour l’avenir et j’ai confiance dans le fait que nous accomplirons plusieurs réalisations pour consolider la place de la banque», a affirmé le fondateur et PDG de la banque.
Les actionnaires présents ont profité du débat pour se féliciter de cette transformation. Pourtant intrigués, ils ont posé plusieurs questions d’ordre technique. Ainsi, un actionnaire s’est interrogé sur la manière avec laquelle l’établissement comptait gérer les emprunts contractés avec intérêt. A ceci, Mohamed Mellousse a noté que cette transformation est une première, d’où sa difficulté. Il a souligné que l’entrée du ICD a permis de transformer les titres pour être plus en accord avec la charia. En plus, le Comité Charaique, présidé par Mounir Tlili, a statué sur l’impossibilité de réaliser un remboursement anticipé de tous les crédits en cours, dans le but de ne pas affaiblir la banque. Il a, donc, été convenu de continuer à payer normalement les anciens crédits mais de ne plus en contracter de nouveaux qui ne soient pas conformes à la charia.
Concernant, le taux de couverture des créances classées, jugé un peu bas par l’un des actionnaires, le PDG a noté que, compte tenu de l’actuelle transformation, ce ratio reste très convenable. S’agissant du ratio de solvabilité, le commissaire aux comptes a estimé que vu que la banque vient à peine de démarrer son activité, on ne pourra pas parler de ce ratio avant l’exercice 2017.
Interrogé sur le réseau et son expansion, M. Mellousse a précisé que 9 autres agences viendront renforcer le réseau à partir de juillet 2017, notamment à Zarzis, Ben Guerdène, Médenine, Tataouine, Gabès, Béja et Kairouan. Elle ambitionne d’atteindre une trentaine d’agences d’ici fin 2017. L’objectif est de faire l’ouverture de 16 agences par an, pour atteindre d’ici 5 ans, 98 agences à travers le territoire. Le PDG a précisé que la banque a investi dans l’acquisition d’une solution informatique très performante et exclusivement développée pour les banques islamiques.
La Wifak Bank veut contribuer à la croissance économique et promouvoir l’inclusion financière. Sa stratégie vise à rapprocher davantage les services bancaires à la clientèle, en particulier dans les régions de l’intérieur faiblement desservies, tout en les adaptant aux besoins des petites et moyennes entreprises régionales.
La banque ambitionne de s’accaparer d’ici 5 ans de 1,8 à 1,9% de part de marché bancaire. Après les deux prochaines années de transition, elle espère renouer avec un résultat à la hauteur de ses performances en tant que société de leasing. Elle table sur un résultat de 15 MD en 2021, avec la possibilité de distribuer un dividende.