Les Tunisiens, de plus en plus inquiets de la situation économique du pays

14/07/2016

Le Tunisien serait-il plus inquiet pour la situation économique du pays qu’il y a un an ? Une enquête nationale d’opinion publique menée en Tunisie par l’International Republican Institute (IRI) le laisse croire. Cette étude met en évidence une perception de l’avenir du pays plus optimiste mais une plus grande inquiétude face à la crise économique ainsi qu’une conscience croissante de la corruption.

 

 

Les Tunisiens sont de moins en moins nombreux à penser que le pays va vers la mauvaise direction. En effet, même si 71 % des répondants à l’enquête ont affirmé que le pays allait dans la mauvaise direction, ce chiffre a diminué depuis l’automne dernier où il avait atteint un sommet de 83 %. Le nombre de personnes ayant déclaré que le pays allait dans la bonne direction est remonté à 25 % alors qu’il n’était que de 13 % en novembre 2015. Bien que l’appréciation des performances du gouvernement se soit améliorée, seulement 42 % des répondants les ont qualifiées de « plutôt satisfaisantes ».

 

En revanche, les Tunisiens se disent plus inquiets quant à la situation économique du pays et face à la crise économique. 76% des personnes interrogées ont décrit la situation économique comme étant « plutôt » ou « très » mauvaise. Parmi les problèmes les plus « importants »figurent, dans l’ordre : le chômage (33%), le terrorisme (25%), la crise économique (17%), la corruption (10%), l’insécurité (5%), les conflits politiques (3%), etc. Interrogés sur des recommandations concrètes en matière de politiques gouvernementales pour gérer les problèmes du pays, 40% d’entre eux pensent que la réduction de la corruption devrait être une priorité majeure, soit 6% de plus qu’en novembre 2015.

 

 

Les données de cette étude, réalisée pour le compte du Center for Insights in Survey Research de l’International Republican Institute par ELKA Consulting en partenariat avec Chesapeake Beach Consulting, ont été recueillies entre le 24 et le 30 mai 2016. Ont répondu aux questions de l’enquête, par le biais d’entretiens en face à face, 1 225 Tunisiens âgés de 18 ans et plus.

 

 « Bien que moins pessimiste que les sondages précédents, cette enquête confirme la nécessité de mener des réformes économiques significatives en Tunisie », a déclaré Scott Mastic, directeur régional de l’IRI pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Depuis la Révolution du Jasmin en 2011, la corruption est restée une cause constante de frustration pour les Tunisiens. Si le gouvernement veut consolider les acquis démocratiques, il doit savoir répondre à ces préoccupations en mettant en œuvre des mesures visant à réduire la corruption et à améliorer les conditions économiques », a-t-il ajouté.

 

 

Autant dire que les mesures adoptées par le gouvernement de Habib Essid peinent à convaincre et à rassurer sur la situation économique vécue par le pays aujourd’hui ainsi que la crise qu’il traverse.

Cette crise se matérialise, notamment, dans la détérioration du pouvoir d’achat fortement ressentie par les Tunisiens mais aussi, et surtout, par la chute de la valeur du dinar tunisien. Une chute très importante face à laquelle la Banque Centrale ne peut plus grand-chose aujourd’hui. En effet, les mesures, qualifiées « d’urgentes » par Chedly Ayari pour pallier la dépréciation du dinar, arrivent trop tard aujourd’hui et ne pourront pas empêcher l’inflation galopante qui s’en suivra. Le recours à la « planche à billets », inévitable selon de nombreux experts, dégradera davantage le pouvoir d’achat de ceux qui voudraient, aujourd’hui, voir leurs salaires révisés à la hausse.

 

 

Alors que des mesures drastiques devraient être adoptées dans l’urgence, les mesurettes de « rafistolage » continuent à être adoptées par le gouvernement actuel. Le pays continue à fonctionner sous le régime dévastateur de la séance unique, les administrations tunisiennes ferment leurs portes à 14h et les banques à midi, et ce 5 jours/7. Cette séance unique continuera jusqu’à la rentrée, à savoir le 1er septembre et le Tunisien, tout en s’inquiétant de la situation économique du pays, continuera à consommer plus qu’il ne produit. Un véritable cercle vicieux lorsque l’on sait que, de l’autre côté, des augmentations salariales continuent à être appliquées sous la pression des parties syndicales et les problèmes de paiement qui en résultent.

 

Par ailleurs, pour augmenter la productivité des Tunisiens, il est évident qu’un meilleur climat des affaires doit être instauré et ce afin d’encourager l’investissement et l’accumulation de capital, ce qui n’est pas aisé compte tenu de la politique fiscale pratiquée par Slim Chaker.

 

 

Selon l’enquête menée par l’IRI, la perception de la démocratie en Tunisie continue d’être positive. Une majorité des personnes interrogées (61 %) a affirmé qu’elle était « plutôt satisfaite » de la démocratie en Tunisie à l’heure actuelle et 53 % ont approuvé le point de vue selon lequel la démocratie est préférable à tout autre type de gouvernement. Ceci dit, la prise de conscience des Tunisiens de la situation économique se fait plus importante aujourd’hui et l’appel à appliquer des mesures audacieuses et courageuses. Par ailleurs, les personnes questionnées ont une idée bien claire concernant les solutions à apporter pour fournir davantage de ressources afin que le gouvernement puisse faire face à cette priorité. Il s’agit, notamment, de : la lutte contre la corruption, la promotion des petits promoteurs et l’expansion du secteur privé, l’amélioration de la perception des impôts, l’allégement du gouvernement, la réduction des salaires des employés du gouvernement ainsi que celle des dépenses inutiles, etc.  Autant de mesures, pourtant évidentes, mais qui restent à l’heure actuelle de l’encre sur du papier pour le gouvernement de Habib Essid…

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