Omar Mansour, un ministre qui agit et promet
05/05/2016
Les membres du gouvernement Habib Essid n’évoluent pas au même diapason, chacun ayant ses hauts et ses bas, ses points forts et ses points faibles. D’ailleurs les sondages se chargent, de temps à autre, de remettre un peu d’ordre au sein de l’équipe de La Kasbah en rendant publiques les cotes de chacun d’eux.
Si certains ministres ont émergé du lot depuis belle lurette dont notamment Néji Jelloul, ministre de l’Education, et Saïd Aïdi, ministre de la Santé, d’autres avancent lentement, mais sûrement, sans faire beaucoup de bruit.
Le nouveau ministre de la Justice, Omar Mansour, est de cette trempe. Sans en avoir l’air, il est en train d’imprimer un rythme positivement « infernal » à la gestion des affaires de la justice et des justiciables. Certains n’hésitant pas à dire de lui que c’est faux-rapide. Qu’on en juge…
Outre le rythme imposé à ses collaborateurs et à tous les rouages de son département, M. Mansour a su introduire un certain nombre de nouveautés que ses prédécesseurs n’ont pas eu l’habitude de pratiquer.
En effet, le ministre de la Justice s’acquitte, non seulement, de ses tâches quotidiennes au sein de son cabinet et avec les responsables directs des diverses directions, mais également il multiplie les audiences et les entretiens avec les chefs des missions diplomatiques étrangères, avec les présidents des organisations et associations, aussi bien nationales qu’internationales, très actives au sein de la société civile.
Pour mieux cerner cette nouvelle méthodologie et l’intensité des activités de ce ministre, on s’aperçoit, qu’il a une activité programmée pour demain, vendredi 6 mai 2016, où il est appelé à inaugurer le nouveau siège du Tribunal de première instance de Sfax 2 après avoir été l’hôte de l’Assemblée des représentants du peuple pour une séance d’écoute de la part des élus de la nation à propos de la loi portant expropriation pour cause d’utilité publique.
Entretemps, il n’a pas raté une cérémonie simple, mais grandiose, de par l’importance de l’assistance à cette réception, pourtant protocolaire.
Le même jour, le ministre a présidé l’ouverture des travaux du Forum d’experts sur l’analyse du code pénal et les propositions d’amendement. Quelques jours auparavant, il s’est rendu au Centre pour la sollicitude envers les jeunes délinquants à El Mghira en compagnie de représentants de l’UNICEF. Sans parler des journées d’études et autres rencontres de routine.
Plus encore, Omar Mansour semble avoir instauré une nouvelle tradition, en l’occurrence celle des rencontres avec les ambassadeurs de pays frères et amis à un rythme serré. Ainsi, en l’espace de deux semaines, à peine, il aura rencontré les ambassadeurs de l’Etat du Koweït, de l’Etat de Qatar, de la Tchéquie, de la France et des Pays-Bas.
Sans s’étaler sur la teneur de ces entretiens, les communiqués du ministère de la Justice se contentent d’évoquer un examen de la coopération bilatérale entre la Tunisie et les pays concernés respectifs en matière juridique et judiciaire.
En tout état de cause, le département de la justice semble voler, désormais, de ses propres ailes en établissant des contactions et une communication directs et propres à lui, y compris et surtout avec les organismes et autres associations du tissu associatif sachant qu’il s’agit là d’un domaine qui est de l’apanage de ce ministère par excellence.
Autre point positif de ce ministère, celui de la tenue et de la mise à jour instantanée de sa page officielle Facebook. Les communiqués officiels avec textes et illustrations à l’appui, lui confèrent un cachet agréable à consulter.
Et ce n’est pas fini. Cette page est marquée par une interactivité intéressante avec les autres internautes et simples lecteurs qui adressent leurs doléances et leurs réclamations au ministre. Ce qui constitue un moyen de dialogue direct et, parfois, instantané entre les justiciables et les décideurs.
Mais comme il est impossible que la vie soit entièrement en rose, certaines lacunes ou autres imperfections restent à mettre à jour.
On citera, bien entendu et en premier lieu, cette manière de conduire et instruire les affaires des assassinats des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi qui tardent à trouver leur épilogue. Pis encore, un dossier a été déclaré comme étant clos et l’autre se trouverait, également, dans la même situation sans oublier cette libération, qualifiée d’étrange, du haut commissaire Abdelkrim Laâbidi, ancien patron de l’aéroport international de Tunis-Carthage, pourtant détenu pendant près de 14 mois pour accusation de complicité et d’implication dans l’assassinat de Mohamed Brahmi.
Et malgré les appels multipliés par les comités de défense dans les deux procès en question, pour faire dessaisir le « célèbre » juge d’instruction du bureau 13, ce juge semble indéboulonnable et toutes les inspections dépêchées auraient octroyé une bonne note audit juge du Bureau 13.
Mais les résultats sont là : Aucun résultat tangible depuis trois ans et sans aucune arrestation d’un « gros poisson » censé faire bouger les investigations, à par, bien évidemment celle d’Abdelkrim Laâbidi qui s’est retrouvé libre sans le moindre indice indiquant qu’il pourrait être poursuivi, de nouveau.
Autre point faible pour ne pas dire négatif est celui du manque des moyens humains et matériels mis à la disposition des deux Pôles judiciaires censés s’occuper d’affaires de type poids lourds comme celles de la corruption et des malversations financières et les autres dossiers touchant au volet du terrorisme.
Et malgré les efforts entrepris de ces deux côtés-là, les connaisseurs assurent que c’est encore trop peu pour espérer un traitement rapide et efficace de ces affaires complexes, graves et sensibles.
En tous les cas, M. Mansour semble être sur la bonne voie pour assainir ce pouvoir où plusieurs têtes parmi les magistrats, confondus d’implication dans des malversations ou des corruptions, sont déjà tombées grâce à une collaboration étroite avec l’Instance provisoire de l’Ordre judiciaire qui reproche la promulgation de la loi sur le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), mais là il s’agit d’un dossier qui ne peut être l’apanage d’une seule personne, le ministre.
D’ailleurs, ceux qui connaissent le nouveau ministre de près, estiment qu’il a confirmé la réputation positive qu’il tenait depuis qu’il était gouverneur de l’Ariana où nombreux sont les citoyens qui auraient regretté son départ de ladite commune.
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