Radhia Nasraoui, nommée ministre de l’Education
01/04/2016
La présidence du gouvernement a publié tard dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2016 un communiqué dans lequel elle indique que l’avocate et militante Radhia Nasraoui a été nommée ministre de l’Education. Le communiqué est sec, ne comporte qu’une seule et unique phrase et a été envoyé aux rédactions par fax et (une première pour la Kasbah !) par mail.
Aucune explication n’a été donnée sur les raisons de ce mini-remaniement qui devrait bien surprendre la classe politique tunisienne.
D’après des sources dignes de foi proches du chef du gouvernement, Habib Essid n’aurait pas digéré la pilule du dernier sondage Sigma, celui qui classe son ministre de l’Education, Néji Jelloul, personnalité politique la plus appréciée des Tunisiens avec 48% de taux de confiance, contre 36% seulement pour lui. Pire, non seulement M. Jelloul est en hausse par rapport au mois précédent, mais le sondage lui attribue 44% dans l’indice de confiance en un avenir politique, contre 28% pour Habib Essid.
Comme au temps de Ben Ali, il fallait pour Habib Essid couper les têtes qui montent et qui lui font de l’ombre dans son propre gouvernement. Le prochain dans la liste serait Said Aïdi, d’après notre source.
Si le départ de Néji Jelloul trouve réponse avec cette explication, des plus subjectives, la nomination de Radhia Nasraoui demeure mystérieuse. Pourquoi donc M. Essid a-t-il choisi cette avocate et militante des Droits de l’Homme qui n’a rien à voir avec le monde de l’enseignement ?
D’après notre interlocuteur, Habib Essid n’a pas été insensible à la vague de soutien observée mercredi et jeudi à la militante après que l’ARP l’ait écartée de l’Instance nationale pour la prévention de la torture (voir notre article à ce sujet ). Les députés d’Ennahdha et de Nidaa lui ont en effet préféré Dhiaeddine Mourou, fils du vice-président de l’ARP.
Surfant sur la vague de soutien, et ne pouvant absolument rien faire pour peser sur la décision des députés, M. Essid aurait tenu à rétablir l’honneur de Mme Nasraoui en lui attribuant le portefeuille ministériel, d’après notre interlocuteur. Est-ce avec ce genre d’arguments qu’on nomme des ministres ? C’est le cas hélas !
La réponse n’est cependant pas convaincante et nous n’excluons pas que notre source ait tendance à nous manipuler afin de donner une bonne image de son chef du gouvernement.
D’après une source proche du palais de Carthage, Habib Essid cherche tout simplement à gagner la sympathie du Front populaire par la nomination de Radhia Nasraoui. L’avocate et militante est, en effet, l’épouse, de Hamma Hammami, numéro un du FP.
Après avoir perdu la confiance de BCE, Habib Essid a été lâché par Nidaa et il sait parfaitement qu’Ennahdha ne pourra pas le soutenir au risque de fâcher le locataire de Carthage. L’unique alternative qui lui reste est de miser sur le soutien du Front populaire pour qu’il puisse rester à la Kasbah.
D’une pierre trois coups, Habib Essid éjecte un ministre trop populaire, le sanctionne parce qu’il ne l’a pas défendu au sein de son parti Nidaa et fait les yeux doux au FP.
Ce serait accorder trop de machiavélisme à Habib Essid, un haut fonctionnaire connu plutôt pour ses positions non-partisanes et son sens profond de l’Etat ? En effet et heureusement !
Toute la littérature qui précède n’était que la fiction classique du 1er avril 2016 à laquelle Business News n’a toujours pas habitué ses lecteurs ! Nos excuses pour ceux qui ont été piégés par la blague.
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