Remaniement : Youssef Chahed à l’heure de la grande épreuve !

05/09/2017

Toute la scène politique en Tunisie vit, ces derniers jours, au rythme du remaniement ministériel qui devrait être annoncé incessamment. Entre partis politiques et organisations nationales, l’effervescence est à son comble, et chaque partie a son mot à dire. Des recommandations, des exigences et des aspirations, nul n’est indifférent, puisque l’enjeu est de taille.

 

Plus que quelques jours, voire quelques heures, nous séparent de l’annonce tant attendue, de la formation du nouveau cabinet gouvernemental. Le remaniement étant devenu plus urgent que jamais depuis la démission de Fadhel Abdelkefi, venue s’ajouter à la vacation de deux autres départements d’une grande importance, à savoir le Développement et la Coopération internationale, ainsi que l’Education.

D’ailleurs, selon Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’UGTT, l’annonce aura lieu, demain, sauf imprévu. « Il faut dire que le remaniement a été retardé à maintes reprises à cause des tiraillements entre Nidaa Tounes et Ennahdha. Ceci a eu un impact direct sur les rouages de l’Etat et a paralysé ses institutions ».

Et à M. Tahri de poursuivre en exposant les attentes de la centrale syndicale du remaniement,«nous n’avons pas proposé de candidats. Cependant, le gouvernement doit fournir une vision claire. Il est  également impératif de procéder à un changement en profondeur tout en évitant de proposer des noms suspectés de corruption. Il y a certains dossiers urgents actuellement, à l’instar de la rentrée scolaire ou la loi de Finances 2018 », a-t-il souligné.

 

Si les recommandations de l’UGTT ont une importance considérable, de par son poids sur la scène politique nationale, la centrale syndicale n’était pas la seule à avoir son mot à dire.

Ce qui fût le cas du premier parti aux législatives 2014, Nidaa Tounes, qui a affiché une nette volonté de s’accaparer le plus grand nombre de portefeuilles ministériels. Exprimée aussi bien par le directeur exécutif du parti, Hafedh Caïd Essebsi, que par le chargé des dossiers politiques, Borhène Bsaïes, la position du parti reste ferme : Nidaa Tounes doit gouverner et profiter de son droit en tant que parti vainqueur des législatives, «  Nous voulons assumer notre responsabilité afin que le peuple tunisien puisse nous évaluer lors des prochaines élections ».

 

Pour le parti Ennahdha, la question était traitée autrement, et sa position avait un aspect plutôt évolutif. Plaidant au départ pour, uniquement, le pourvoi des postes vacants, Ennahdha ne voyait pas l’intérêt d’un remaniement « profond », plus particulièrement, concernant les ministères de la Justice, de la Défense et de l’Intérieur. Le chef du bloc parlementaire, Noureddine Bhiri avait indiqué qu’il est inutile de procéder à un changement des ministères régaliens puisque le bilan de ces départements était positif et qu’ils ont fait preuve d’efficacité et de réussite tant au niveau de la lutte contre le terrorisme, que de la corruption. Le même Noureddine Bhiri a affirmé plus tard que son mouvement ne serait pas contre un remaniement « profond » s’il y a consensus autour de la nouvelle équipe proposée.

La centrale patronale avait, pour sa part, une position nuancée par rapport à ce sujet. Et même si l’UTICA n’a pas de candidats à proposer, elle a affirmé qu’elle reste concernée par certains portefeuilles, comme le Commerce et l’Industrie, le Tourisme, les Finances ou encore le Développement et la Coopération internationale. L’UTICA souligne, dans ce contexte, que la responsabilité d’évaluation incombe au seul chef du gouvernement, mais ceci ne l’empêche pas d’émettre quelques réserves à propos de certains noms.

 

Au milieu de ces tiraillements, divergences et recommandations, le chef du gouvernement, Youssef Chahed essaie, tant bien que mal, de s’en sortir de cet imbroglio, en multipliant les tractations et les concertations avec toutes les parties prenantes, notamment les signataires du Document de Carthage. Ceci dit, les tractations et la finalisation du fameux remaniement ne peuvent se faire sans l’aval et la bénédiction de Carthage.

D’ailleurs, le président de la République a enchaîné les rencontres, ces deux derniers jours, avec les principaux acteurs de la scène politique. Il a, donc, reçu le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, et le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, dans la journée d’hier, et le chef du gouvernement, Youssef Chahed, le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur, et la présidente de l’UTICA, Wided Bouchamoui, aujourd’hui même.

Cette série de rencontres laisse entrevoir une annonce imminente de l’événement tant attendu.

 

En tout état de cause, et bien que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, n’ait pas la marge de manœuvre nécessaire lui permettant d’être maître de ses décisions et de ses choix, nombreux acteurs de la scène politique l’appellent à ne pas céder aux multiples pressions exercées sur lui. De quoi risquer de perdre sa cote de popularité, gagnée dernièrement grâce à sa détermination dans la guerre contre la corruption.

Sa politique lui a fait, certes, gagner la confiance de larges franges de la société tunisienne. Cependant, l’attente du commun des citoyens dépasse largement une simple série d’arrestations, qui, en aucun cas, n’impacte pas leur quotidien et ne répond nullement à leurs réelles aspirations. Des aspirations devenues trop urgentes, concernant le développement, l’emploi, le pouvoir d’achat et les conditions d’une vie quotidienne digne.

C’est dire que le chef du gouvernement vient de passer de véritables épreuves d’examens dont les résultats seront qualifiés de positifs ou non selon la nature de la prochaine équipe gouvernementale.

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