Ridha Belhaj quitte Carthage par la petite porte

01/02/2016

Ridha Belhaj a démissionné, lundi 1er février 2016, de son poste de directeur du cabinet présidentiel. C’est du moins la version officielle. Certains n’hésitent pas à dire qu’il a été éloigné de la présidence de la République. La double casquette présidentielle et partisane de Ridha Belhaj a fini par être trop lourde à porter.

 

Le porte-parole officiel de la présidence de la République, Moez Sinaoui, est intervenu aujourd’hui sur les ondes d’Express FM sur le plateau de Mehdi Kattou et de Sofiène Ben Hamida. Il a apporté des éclaircissements sur cette démission. D’après le porte-parole, cette démission vient dans un contexte où le président de la République souhaite que le cabinet présidentiel s’éloigne des activités partisanes.

 

En effet, Ridha Belhaj a cumulé la casquette partisane et la casquette présidentielle pendant près d’un an. Tant que le parti était sous la houlette de Mohsen Marzouk, il n’y avait pas de problèmes particuliers. C’est quand les dissensions entre le camp de Hafedh Caïd Essebsi et celui de Mohsen Marzouk ont commencé à voir le jour que Ridha Belhaj est entré dans la bataille et a été clairement du côté du fils du président. Certains y voyaient le « rôle normal » d’un membre influent du parti qui avait participé à sa fondation au départ. D’autres ont vu en Ridha Belhaj la courroie de transmission des ordres du grand chef, Béji Caïd Essebsi. Cette croyance n’avait plus lieu d’être après le fameux congrès de Sousse, où Ridha Belhaj s’était clairement opposé à Youssef Chahed, pourtant porteur du plan présidentiel pour la sortie de crise de Nidaa Tounes. On notera que Ridha Belhaj n’a pas fait partie du voyage au Koweït et à Bahreïn.

 

D’après certains bruits de couloir, Ridha Belhaj paierait le prix de son ambition dévorante. Selon certaines sources, Ridha Belhaj aurait formulé le souhait de remplacer Habib Essid à la présidence du gouvernement. Il aurait même commencé à en parler à certains leaders de partis de la coalition au pouvoir. Ceci aurait fortement irrité la présidence de la République qui l’aurait invité à démissionner.

 

Pour en revenir aux affaires du parti, Ridha Belhaj est resté à la manœuvre tout au long de son parcours à la présidence de la République. Sa dernière activité partisane était une réunion avec le chef du gouvernement, Habib Essid, le lundi 25 janvier, dans le cadre d’une série de rencontres entre M. Essid et les secrétaires généraux des principaux partis du pays. Pour cette rencontre, Ridha Belhaj était accompagné par Khemaïes Ksila et Hafedh Caïd Essebsi.

 

Ce n’est pas le premier accroc de Ridha Belhaj dans son parcours à Nidaa Tounes. En effet, il avait été nommément accusé par l’ancien bureau exécutif du parti d’être responsable des incidents qui avaient empêché la tenue d’une réunion à Hammamet le 1er novembre 2015. Les membres du bureau avaient déclaré dans un communiqué : « Les signataires font assumer la responsabilité des agressions contre les biens et les personnes à Hafedh Caïd Essebsi, vice-président de Nidaa et à Ridha Belhaj, membre du Bureau politique et directeur du Cabinet du président de la République ainsi qu’aux autres dirigeants parmi leurs partisans ». L’intéressé avait répondu à cette accusation en la niant catégoriquement dans un communiqué qu’il avait rendu public le lendemain.

 

L’apothéose du duo Ridha Belhaj – Hafedh Caïd Essebsi se verra durant le congrès de Sousse les 9 et 10 janvier 2016. Alors que Youssef Chahed était venu avec la feuille de route du président, HCE et Ridha Belhaj l’ont mis en minorité et ont tout fait pour imposer leurs listes, ce qui a donné lieu au fiasco de ce congrès et au déluge de démissions qui est venu plus tard.

 

La présidence de la République a rendu public un communiqué lors de la démission de Ridha Belhaj. Selon ce communiqué laconique, Béji Caïd Essebsi souhaite à son ancien directeur de cabinet de « réussir » dans son prochain parcours. Signe que Ridha Belhaj va maintenant se consacrer complètement au parti.

Après avoir accepté la démission de Ridha Belhaj, le président de la République a décidé de le remplacer par Selim Azzabi. Un jeune homme de 37 ans qui compte parmi la première garde de Béji Caïd Essebsi et parmi les plus écoutés de ses conseillers. N’ayant aucune responsabilité partisane en parallèle, cette nomination permettra, au moins, d’arrêter le mélange des genres et de séparer le présidentiel du partisan.

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