S’adapter au nouveau contexte ou périr

24/05/2014

 Tous les intervenants dans le secteur du tourisme doivent assurer leur mise à niveau pour pouvoir faire face à la concurrence suscitée par l’ouverture du ciel tunisien aux compagnies aériennes
L’open sky, qui permet l’ouverture du ciel tunisien aux différentes compagnies aériennes étrangères, constituera incontestablement un risque pour les entreprises qui ne sauront pas s’adapter à la nouvelle donne. Ainsi, les compagnies aériennes internationales devraient être bien outillées pour pouvoir faire face à la concurrence qui devient de plus en plus rude. Toutefois, l’open sky n’aura pas uniquement des impacts sur les compagnies ariennes, mais aussi sur le tourisme, les agences de voyages, les hôtels… Les entreprises qui assureront leur mise à niveau pourraient tirer profit de l’open sky qui permettra d’augmenter l’affluence des touristes et des hommes d’affaires vers la Tunisie.

La conférence internationale sur «l’open sky en Tunisie : opportunités ou menaces pour l’agent de voyages ?» organisée hier, dans un hôtel à Gammarth, par la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav) qui fête son 50e anniversaire a donné l’occasion aux professionnels pour s’exprimer et aux ministres concernés de donner des réponses à toutes les interrogations. Comme l’a souligné M. Mohamed Ali Toumi, président de la Ftav, la fédération constitue un maillon fort de la chaîne touristique. Un hommage a été rendu aux anciens présidents de cette structure, en leur remettant des trophées. Les agents de voyages sont inquiets sur le devenir de leur secteur après l’entrée en vigueur de l’open sky et ne savent comment s’y préparer. D’autant plus que l’expérience de l’ouverture des aéroports de Tabarka et de Tozeur aux compagnies aériennes étrangères n’a pas été couronnée de succès.

Coopération gagnant-gagnant

L’orateur a voulu savoir quelles sont les attentes de la Tunisie lors du 3ème round des négociations avec l’Union européenne relatif à un accord méditerranéen sur le transport aérien en juin prochain et si l’on doit se réjouir de l’ouverture du ciel aux compagnies ariennes low cost. Et M. Toumi de rappeler que «les objectifs fondamentaux de la déréglementation ou de la libéralisation aérienne consistent à assurer plus de concurrence, plus de tarifs bas et plus de postes d’emploi».
M. Chiheb Ben Ahmed, ministre du Transport, a indiqué, pour sa part, que l’économie, d’une façon générale, se caractérise par une ouverture qui englobe, entre autres, le secteur du transport aérien. Celui-ci compte près de 14.000 emplois directs et 200.000 indirects. Il a enregistré au cours des quatre premiers mois de cette année une croissance du trafic de 8%.
L’Europe demeure, cependant, notre principal partenaire dans ce secteur. Le nouvel accord va remplacer les anciens accords conclus. D’où la nécessité pour les compagnies aériennes et les agences de voyages de s’adapter à la nouvelle donne même si la concurrence sera rude avec une position dominante des compagnies européennes dans le cadre du low cost. Le troisième round des négociations entre la Tunisie et l’Union européenne devrait se baser sur la coopération gagnant-gagnant. En plus, l’environnement doit être propice pour réussir le challenge en matière d’ouverture du ciel tunisien.
Dans ce même ordre d’idées, Mme Amel Karboul, ministre du Tourisme a indiqué que l’application de l’open sky permettra l’affluence vers  la Tunisie de touristes mais aussi d’hommes d’affaires qui sont intéressés d’investir dans notre pays. L’objectif est d’ouvrir le ciel national mais aussi de respecter les règles en vigueur qui régissent le transport aérien. L’oratrice a souligné qu’il faut voir ce changement comme une opportunité, d’autant plus que le Maroc, qui a une expérience dans ce domaine, a connu un succès.
Convergence réglementaire
Mme Karboul estime que la compagnie nationale Tunisair a un rôle important à jouer dans ce domaine, surtout après la mise en place d’un plan de redressement. La compagnie doit être innovante pour pouvoir affronter la concurrence avec plus de chances de succès. Il ne reste plus qu’à adhérer à ce processus de libéralisation en effectuant en cours de chemin le suivi et l’évaluation nécessaires pour trouver des solutions ensemble aux difficultés rencontrées.
M. Ahmed Smaoui, modérateur d’une session de la conférence, ancien PDG de l’Ontt et ex-ministre du Transport, a loué le rôle de la Ftav dans le développement du tourisme. Même si certains marchés émetteurs ont connu une baisse depuis l’an 2000, compte tenu du changement des habitudes des touristes et de la révision à la baisse du budget consacré aux voyages, l’ouverture du ciel, depuis deux ans, au niveau international a profité aux voyageurs. En Tunisie, la démarche a été un peu frileuse.
Tous les intervenants, y compris les professionnels, sont appelés à prendre conscience de ce nouveau changement. Tunisair a été une locomotive et un fleuron du transport aérien tunisien et a contribué au développement du tourisme dans le pays. Le plan de redressement adopté à son profit devrait améliorer sa situation et lui donner plus d’atouts de réussir même si d’autres compagnies semblent mieux préparées à affronter la concurrence de l’open sky. Les hôteliers sont pour un tel choix qui va leur permettre d’avoir plus de clients. Mais ils doivent améliorer la qualité de leurs prestations au même titre que les agents de voyages qui sont tenus d’être créatifs et innovants en améliorant le système informatique et les moyens de transport utilisés.
Mme Laura Baeza, ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, a évoqué les négociations d’un accord euroméditerranéen sur le transport aérien avec notre pays. Deux rounds ont déjà eu lieu en attendant le troisième. Les accords négociés avec l’Union européenne permettent l’ouverture du marché mais aussi l’assouplissement des  barrières à l’investissement dans les compagnies aériennes, une coopération approfondie et la convergence réglementaire. «Ce qui va au-delà de simples accords de ciel ouvert ou d’open sky négociés par les Etats-Unies d’Amérique et dont la portée se limite seulement à l’accès à un marché ouvert», souligne l’oratrice.L’accord avec la Tunisie va permettre de développer le trafic aérien en libéralisant les droits de trafic pour lever les contraintes constatées lors des accords bilatéraux conclus entre notre pays et les Etats membres de l’Union européenne. Le ministre du Transport a proposé la constitution d’un groupe de travail formé de tous les intervenants pour l’impliquer dans le nouveau round de négociation

Lapresse.tn

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