Selon le rapport de Davos, il est plus intéressant d’investir en Namibie qu’en Tunisie !
29/09/2016
Selon le rapport mondial de Davos sur la Compétitivité 2016-2017, exposé lors d’une conférence de presse tenue mercredi, à l’IACE, la Tunisie occupe désormais la 95ème place sur 138 pays. Alors qu’elle était classée 92ème l’année dernière et 32ème en 2011, la Tunisie continue sa chute vertigineuse et perd 3 places cette année.
Ainsi, le pays occupe la troisième place pour ce qui est des pays du Maghreb, devancée par le Maroc et l’Algérie. Elle est classée 10ème à l’échelle des pays arabes où les Emirats Arabes Unis occupent la première place et avant dernier pays africain classé. Sur le podium des pays les plus compétitifs,la Suisse, Singapour et les Etats-Unis occupent les trois premières places, suivies par les Pays-Bas et l’Allemagne.
Ahmed Bouzguenda, le président de l’Institut Arabe des Chef d’Entreprise (IACE) nous a expliqué que ce classement est calculé selon les équilibres financiers des pays et une enquête par questionnaire menée auprès des chefs d’entreprises.
« En cinq ans, nous avons perdu 55 places. Nous avons été le premier pays africain, et là nous occupons la dixième place, nous avons été le premier pays maghrébin et là nous sommes devancés par l’Algérie et le Maroc, idem pour le classement des pays arabes où nous avons là encore perdu pas mal de places » a-t-il ajouté.
« Si nous nous basons sur ce chiffre, il y a un seul constat à faire pour les investisseurs : pendant ces années, nous n’avons pas travaillé, le pays n’a pas avancé, les réformes n’ont pas été engagées et le climat des affaires n’a pas été amélioré. Il ne faut pas perdre de vue le fait que ce rapport est un baromètre pour les investisseurs étrangers qui le consultent sérieusement avant de penser s’établir dans d’autres pays. Il doit, de ce fait, être consulté point par point pour aider à définir le programme du gouvernement » a souligné M. Bouzguenda.
L’expert économique et membre du conseil national de la fiscalité, aussi porte parole officiel de l’IACE, Fayçal Derbel, a souligné, pour sa part, que les raisons de cette régression sont notamment expliquées par un très faible rang en ce qui concerne l’efficience du marché du travail.
« Par efficacité du marché du travail, nous voulons dire les rapports entre les employeurs et les employés, la flexibilité dans le recrutement et dans le licenciement mais surtout la productivité et les salaires. Sur ces éléments, notre rang est de 133 /138 c’est pour dire qu’on est presque à la dernière place. « Nous occupons l’avant-dernière place des pays d’Afrique. Avec tout le respect que je dois à ces pays et toute la gentillesse que j’ai à leur égard, je dis que si nous sommes placés derrière nombreux pays que nous dépassons de loin économiquement et en termes de développement, à l’instar du Tchad, du Mali ou de la Mauritanie, moi je dis qu’il faut absolument qu’on fasse quelque chose ! » a-t-il déclaré .
« Parmi les autres points qui nous ont fait régresser, des éléments sont liés à la gouvernance, à la corruption, à la gestion des institutions, à la fiscalité et au poids des taxes comparé aux bénéfices des sociétés » a affirmé M. Derbel.
Le rapport de Davos a été établi selon trois piliers répartis en trois thèmes : les exigences de base, le renforcement et l’efficience et les facteurs de perfectionnement&innovation.
Pour ce qui est des exigences de base,la Tunisiea légèrement avancé en ce qui concerne les institutions, enregistré un recul de 3 place (80-83) en ce qui concerne l’infrastructure, de deux points pour ce qui est de l’environnement macro-économique (97-99) et d’un point pour ce qui est de la santé et de l’éducation (58-59).
Le thème du renforcement et de l’efficience, réparti en six points, a aussi enregistré une nette régression. La Tunisie, classée 98ème en 2015/16 est désormais à la 103ème place.
Une forte régression a été ainsi enregistrée en ce qui concerne l’enseignement supérieur et la formation (76-93), une légère hausse pour ce qui est de l’efficacité des marchés (118-113), sur le thème de l’efficacité du marché de l’emploi, la Tunisiestagne à la 133ème place, avance de trois places en ce qui concerne le marché financier (122-119), stagne à la 80ème place en maturité technologique et à la 69ème place pour ce qui est de la taille du marché.
Au niveau des facteurs de perfectionnement et d’innovation,la Tunisiea enregistré une légère hausse (110-104), tant sur le point de la sophistication des affaires (104-101) ou l’innovation (110-104).
Selon le rapport, parmi les principaux facteurs de dégradation du rang de la Tunisie, figurent l’efficience du marché du travail, le terrorisme, les crimes et la violence, sur lequel la Tunisiedétient un rang très bas, elle est notamment classée 127/138 en ce qui concerne le coût du terrorisme sur les affaires, ainsi que le système bancaire et financier où la Tunisieest classée en dessous de la 100ème place.
La transparence et la bonne gouvernance constituent aussi un frein à la compétitivité de la Tunisie, ainsi en efficacité des organes de gestion, la Tunisiese place à la 101ème position et à la 95ème pour ce qui est des paiements illégaux et pots de vin et 117ème au niveau du poids des procédures douanières.
Fayçal Derbel, a expliqué, d’un autre côté, que sila Tunisieavance à pas de fourmi sur certains scores, ceci n’est pas réellement une très bonne chose, dans la mesure où la dégringolade au classement signifie que d’autres pays avancent plus et plus vite.
Des chiffres alarmants, encore, ont été exposés devant un panel d’experts, dont les mines déconfites n’ont laissé aucun doute à l’assistance sur la gravité de la situation. Ainsi, au cours des débats, l’accent a été mis sur l’utilité du rapport de Davos, en tant que carte de priorités pour l’élaboration de la stratégie du gouvernement, car si l’investissement est au cœur de tous les débats en ce moment, ces chiffres dissuasifs n’augurent, pourla Tunisie, rien de bon..
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