Success Story – Nesrine Gharbi : L’énergie nucléaire est ma passion !

17/09/2017

Elle a à peine 29 ans, elle est Tunisienne et fait déjà partie de la cour des grands des ingénieurs nucléaires mondiaux. Nesrine Gharbi, femme scientifique d’exception dont la curiosité intellectuelle est infinie, surprend par sa précocité et son esprit cartésien. Primée par la Société française de l’énergie nucléaire (SFEN) qui lui a attribué le prestigieux prix Jean Bourgeois en 2016, elle travaille aujourd’hui, en France, dans la branche nucléaire de EDF où elle évolue à pas de géant. 

Entretien !

 

 

Le parcours d’excellence d’une femme d’exception

Lauréate du premier prix présidentiel en 2007, Nesrine Gharbi a décroché son baccalauréat en section Mathématiques au Lycée Pilote de l’Ariana avec mention très bien. Elle a par la suite intégré le Lycée Janson de Sailly, à Paris, où elle a effectué 2 années en classes préparatoires puis l’Ecole centrale de Lyon où elle a étudié durant 3 années en cycle d’ingénieur. Efficace et téméraire, elle décide de faire un Master de recherche en Matériaux du nucléaire en parallèle avec sa troisième année à l’Ecole centrale de Lyon. Pour son stage de fin d’études, elle intégrera le Commissariat de l’Energie Atomique et des énergies alternatives (CEA) qui a débouché sur l’élaboration d’un projet de thèse de doctorat en collaboration avec la multinationale française du secteur de l’énergie nucléaire, AREVA.

 

La passion pour le nucléaire

« Le domaine de l’énergie, de manière globale, a toujours été un domaine passionnant vers lequel je souhaitais m’orienter » a déclaré Nesrine Gharbi. Une passion qui s’est confirmée davantage au cours de ces 3 années d’études à l’Ecole centrale de Lyon. « Les cours qui m’ont été dispensés, les projets de fins d’études et les rencontres avec les chercheurs en conférences et en congrès » ont attisé sa curiosité intellectuelle au plus haut point. A ce sujet, elle a souligné que c’est « la technicité du nucléaire et le fait qu’il s’agisse d’un secteur de pointe très exigeant en termes de sûreté et de performances » qui l’ont ardemment poussée sur cette voie. En véritable chalengeuse, Nesrine Gharbi explique sa ferveur pour la filière nucléaire par le fait qu’ « il y a de perpétuels défis à relever ». C’est d’ailleurs avec beaucoup de gratitude qu’elle a évoqué le soutien que lui ont apporté ses proches et ses parents qui l’ont toujours encouragée dans ce qu’elle a entrepris. « C’est grâce à leur soutien inébranlable et leurs encouragements que j’ai pu réussir dans mes études et dans tout mon parcours professionnel » a-t-elle mentionné, reconnaissante.

 

Le prix Jean Bourgeois et l’apport décisif de Nesrine Gharbi dans la filière du nucléaire

Le 23 juin 2016, le prix Jean Bourgeois récompensant le meilleur travail de thèse dans le secteur du nucléaire est décerné à Nesrine Gharbi par la SFEN. Une dotation de 1000 € lui a également été octroyée pour sa « contribution à la compréhension de la formation sous irradiation des alliages de zirconium à forte dose des assemblages combustibles des réacteurs nucléaires à eau pressurisée ».

Cette récompense vient valider le travail de thèse de Nesrine Gharbi sur un sujet essentiel et d’actualité qui concerne les réacteurs nucléaires à eau pressurisée. Des travaux qu’elle a effectués au service de Recherches métallurgiques appliquées de la Direction de l’énergie nucléaire du CEA à Saclay, en Ile de France, en partenariat avec AREVA. Son travail a été dirigé par le professeur Xavier Feugeas de l’Université de La Rochelle sous la supervision de ses deux encadreurs Fabien Onimus et Thomas Jourdan. « Ils m’ont accompagné tout au long de mes 3 années au CEA. Leurs précieux enseignements, leurs conseils avisés mais aussi leur disponibilité, leur enthousiasme au quotidien, leur implication sans faille et leurs encouragements m’ont permis d’évoluer dans le bon sens et de mener à bien mon travail. Travailler avec eux m’a beaucoup apporté aussi bien sur le plan scientifique qu’humain » a-t-elle mentionné à leur propos.

En femme savante et brillante, Nesrine Gharbi a ainsi mené une étude expérimentale complexe couplée à des simulations numériques multi-échelles. Elle a proposé « un modèle multi-échelles prédictif qui permet de décrire l’évolution sous irradiation de la microstructure des alliages de zirconium mais aussi le comportement macroscopique sous flux de ces matériaux ». Une étude qui a permis d’améliorer la compréhension du phénomène de grandissement sous irradiation des assemblages de combustible des réacteurs nucléaires « dont la prédiction est primordiale pour garantir la performance des assemblages des réacteurs ». La portée de ces découvertes a d’ailleurs donné lieu à 2 publications et à 5 conférences dont deux aux Etats-Unis.

 

Les femmes et le nucléaire

Interrogée sur l’éventuel machisme qui pourrait régner dans la filière du nucléaire, Nesrine Gharbi a tenu à rectifier ce préjugé qu’elle a qualifié de « complètement infondé». Autant dire que nous sommes bien loin de l’époque où la scientifique de renommée mondiale, Marie Curie, subissait des discriminations.

« J’ai eu la chance de travailler dans des environnements ouverts sur le plan de la mixité et de l’égalité entre hommes et femmes. D’ailleurs, dans certains services où j’ai eu l’occasion de travailler il y avait plus de femmes que d’hommes » a-t-elle précisé. Il apparait d’ailleurs que la filière du nucléaire, en France, observe aujourd’hui une inversion des tendances puisqu’ il y a de plus en plus de femmes dans ce domaine. 

 

Quel futur pour la filière nucléaire en Tunisie ?

L’électronucléaire, c’est-à-dire la production d’électricité à partir de la fission nucléaire, est une solution parfaitement envisageable en Tunisie pour Nesrine Gharbi. « Je pense notamment aux centrales nucléaires de petite taille et de faible puissance qu’on appelle SMR (Small Modular Reactors). Ce type de réacteurs nucléaires peut être envisagé pour répondre aux besoins énergétiques des pays, comme la Tunisie, pour lesquels la demande et les réseaux ne sont pas adaptés aux centrales nucléaires de grande puissance » a expliqué la chercheuse.  Elle a ajouté que ce projet de construction d’un réacteur SMR « doit être étudié de la manière la plus complète qui soit, et ce afin de faciliter la décision d’investir ou pas sur cette nouvelle filière en TunisieDe toute évidence, il faudra que la Tunisie se dote alors d’une autorité de sûreté nationale ».

 

Les passions et ambitions de Nesrine Gharbi

Elle est passionnée de lecture et de dessin. La danse et la cuisine sont aussi les loisirs auxquels elle s’adonne pour se divertir librement. Tenace et perspicace, Nesrine Gharbi est une compétitrice dont l’ambition est de travailler dans le cadre de projets de grandes envergures dans la filière nucléaire. Elle n’exclut pas un retour en Tunisie mais pour le moment ses obligations professionnelles ne le lui permettent pas.

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