Youssef Chahed : Que celui qui a peur, reste chez lui !
28/09/2016
Youssef Chahed a donné sa première interview de chef de gouvernement ce soir du mercredi 28 septembre 2019, un mois après sa prise de fonction à la Kasbah. Une entrevue conduite par les deux journalistes Boubaker Ben Akacha et Zina Mliki et qui a été diffusée en simultané, à partir de 21h, sur les deux chaînes nationales ainsi que sur radio Mosaïque Fm. De quoi faire le point sur nombreux dossiers brûlants qui présentent autant de chantiers auxquels le gouvernement, dit d’union nationale, devra s’atteler.
« Nous devons redonner confiance aux citoyens » a martelé Youssef Chahed tout au long de son interview. Par ses mots, qui ont ouvert l’interview, le nouveau chef de gouvernement a donné le ton. Une entrevue ponctuée de phrases, expressément fermes et montrant une volonté affichée de faire les choses autrement, telles que « l’Etat doit assumer ses responsabilités », ou encore « nous devons améliorer les conditions de vie des citoyens ». De quoi donner un coup de pied dans la fourmilière.
Une fourmilière qui peine à s’en sortir au vu de la crise actuelle. D’ailleurs Youssef Chahed le constate sans détour : « Nous avons échoué ! » tout en pointant du doigt une « mauvaise gestion » ainsi que nombreuses lacunes et laxisme observé par ses prédécesseurs. Exprimant sa disposition à « rester réaliste » et à « se fixer des objectifs que [nous sommes] capables d’atteindre », Youssef Chahed brosse le tableau d’un programme détaillé des mesures opérationnelles et stratégiques que son équipe ministérielle s’attèlera à réaliser dans les années à venir.
Au programme, plusieurs changements afin d’« améliorer le quotidien des Tunisiens », en passant par les solutions à la crise économique, mais aussi sociale, la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, ainsi que contre le terrorisme.
Tout en souhaitant opérer une réelle démarcation avec les politiques déjà pratiquées par ses prédécesseurs, Youssef Chahed annonce plusieurs nouvelles mesures, dites urgentes, devant palier les pénuries d’eau courante, à travers le dessalement de l’eau de mer ; la modernisation des routes tunisiennes, et ce dans 72 municipalités pour en toucher 228 à partir de l’année 2017 ; la réalisation d’un programme de logement social à travers la réalisation de 10.000 logements sociaux ; mais aussi la mise en place d’un nouveau modèle de développement axé sur la promotion de l’investissement, de l’initiative privée et de l’export.
Il a aussi annoncé que des mesures, plus « dissuasives » seront appliquées pour résoudre le problème de l’insalubrité des rues tunisiennes en ayant recours à une police de l’environnement. Une police fiscale est une autre idée, énoncée par Chahed, afin de limiter l’évasion fiscale.
Par ailleurs, au sujet de la Loide finances 2017, Chahed a précisé qu’elle prévoit un taux de croissance de 3% et quelle devra poser les bases d’un nouveau modèle de développement. Et d’annoncer que des mesures seront instaurées afin de régulariser la situation des projets à forte valeur ajoutée et qui restent bloqués. Ce, en apportant des facilitations administratives aux« projets d’intérêt national » et créateurs d’emplois et visant les régions souffrant d’un problème de développement.
D’un autre côté, Youssef Chahed revient sur la crise avec les syndicats affirmant qu’« un nouvel accord sera instauré entre le gouvernement et les partenaires sociaux ». Il a, par ailleurs, précisé que tous les ministres de son gouvernement ont déclaré leurs biens appelant, par la même, les hauts fonctionnaires de l’Etat à en faire de même.
Au final, Youssef Chahed s’est aussi exprimé sur la crise au sein de Nidaa Tounes et la polémique suscitée par sa nomination à la présidence du comité politique du parti. Tout en prenant soin de ne pas commenter son éventuelle acceptation, ou refus, de ce poste qui lui a été proposé, Youssef Chahed a affirmé : « je suis le fils de Nidaa Tounes et je suis fier d’y appartenir. Le parti a beaucoup apporté au pays ». Il ajoute, par ailleurs, que dans les plus grandes démocraties du monde il est courant de concilier des responsabilités gouvernementales avec d’autres politiques ajoutant : « j’ai déjà dit que je suis le chef d’un gouvernement d’union nationale qui a pour objectifs de sauver le pays, mais il est aussi important de sauver Nidaa Tounes », laissant entendre que le parti, s’il laissait derrière lui ses luttes intestines, pourrait beaucoup apporter à la vie politique en Tunisie et au pays en général.
« Nous ne sommes pas venus pour avoir peur, mais pour sortir le pays de la situation dans laquelle il s’est enlisé. Que celui qui a peur, reste chez lui ! » Tels sont les propos du chef du gouvernement marquant une vision claire de la stratégie qu’il compte adopter. Plus de place au laxisme, une application stricte de la loi quitte à privilégier les sanctions à la sensibilisation, des polices environnementale, fiscale, etc. et une tolérance zéro envers toutes les pratiques de corruption. « Les corrompus devront être mis en prison », a-t-il lâché tout en ajoutant qu’aucune réconciliation avec les fraudeurs ne sera tolérée.
« Nous n’avons plus le temps ! », a déclaré, entre autres ,Youssef Chahed. Au-delà des discours, encore faudra-t-il qu’il maitrise ses dossiers sur le terrain et qu’il fasse en sorte que les grandes annonces et slogans énoncés ce soir soient effectivement concrétisés afin de, réellement, redonner confiance au citoyen et améliorer ses conditions de vie.
www.businessnews.com.tn